Par François Neyt, avec la collaboration d’Anne-Chantal Olbrechts. Publié en français par les éditions Fonds Mercator, Bruxelles, 2014. ISBN 9789462300569. Format : 25 x 30,5 cm, 368 pp., 285 ill. dont 152 pl. coul., 6 N/B et 6 cartes. Relié sous jaquette : 100 €.
Après Songye, en 2009 et Fleuve Congo, en 2010 — publiés chez le même éditeur —, François Neyt nous livre ici la somme qu’il manquait sur l’art de la Côte d’Ivoire. En effet, si de nombreux expositions et catalogues ont été consacrés à cette région ou à telle ethnie en particulier, aucune publication ne s’était attachée à brosser un panorama complet de la diversité ethnique et artistique de cette région :
« L’objectif majeur qui m’a guidé en tant qu’historien de l’art consiste à mettre en lumière les objets les plus significatifs habités par une présence mystérieuse, révélant doucement la mémoire du passé. Ces œuvres majeures sont des documents d’histoire qui s’expriment au-delà de toute parole. Elles révèlent la manière dont ces peuples sont reliés aux génies et aux forces de la nature, la présence de leur double et de leurs ancêtres dans l’au-delà, leur sens de la beauté et du bien, visages vénérés et portraits célébrés dans des danses et lors des funérailles ».

Tête en terre cuite, Mma, Nord de la lagune Aby, Sanwi, Krinjabo. H. 23,5 cm. © Coll. privée. Photo H. Dubois.

Cuillère anthropomorphe cérémonielle, Dan, Côte d’Ivoire. Bois et pigments. H. : 44 cm. © Coll. privée. Photo V. Everarts.
Les enjeux de cette publication, à la fois livre d’art et livre d’ethnographie, consistent également à mettre en lumière l’unité profonde qui relie les peuples si divers de la Côte d’Ivoire et à montrer combien leurs cultures variées trouvent leurs sources au cœur même du pays et au-delà des frontières. La Côte d’Ivoire apparaît comme le réceptacle vers lequel ont convergé des populations venues du Nord, de l’Est et de l’Ouest, dans un territoire sillonné en tous sens par des caravanes qui allaient des savanes jusqu’au littoral, et de l’aire akan de la Côte de l’Or jusqu’aux confins de la Guinée, phénomène accentué par les quatre fleuves qui coulent du nord au sud. Ce foisonnement artistique s’explique par la diversité des groupes, environ soixante, se distinguant par les cultes, la culture et la langue, certains groupes étant eux-mêmes subdivisés en sous-groupes usant des dialectes différents…

Masque de course, gunye ge, Dan, Côte d’Ivoire. Bois, fibres végétales et pigments. H. : 26 cm. © Coll. privée. Photo archives de l’auteur.
Cette région se caractérise également par d’infinis échanges accomplis au cours des siècles, des interférences réciproques, des fusions, appropriations, intégrations, les communautés, au fil du temps, n’ayant jamais cessé de se regrouper, de se séparer et, surtout, d’échanger des traditions aussi bien que des styles artistiques. Divisé en quatre sections — l’Ouest, avec des Grébo/Krou aux Dan, Maou et Gouro, le Nord, avec des Sénoufo aux Djimini et aux lobi, le Centre, des Yohouré aux Baoulé (Akan) et l’Est et le Sud, des Koulango, des Abron, des Agni, des Attié aux lagunaires et aux Ashanti —, chaque groupe fait l’objet d’un parcours géographique et historique : localisation, population et linguistique, histoire et migrations et conceptions artistiques et œuvres sculptées.

Masque facial aux yeux tubulaires, Grébo-Krou, Liberia, Côte-d’Ivoire. Bois et pigments. H. : 50,8 cm. © Coll. privée. Photo BAMW Photography.
Superbement illustrés — deux cent quarante-huit objets sont reproduits, pour beaucoup, en pleine page —, cette publication représente à la fois une introduction pour les lecteurs qui désirent s’initier aux arts de ces différentes populations mais aussi une références pour ceux qui envisagent de les approfondir.