« Golgotha. The Cult of Skulls [le culte des crânes] »
Par Martin Doustar, avec des contributions de Christian Coiffier et de Thomas Schultze-Westrum. Textes bilingues français-anglais pour l’introduction et les contributions et anglais pour les textes descriptifs. Format : 23,5 x 30 cm, 224 pp., 130 ill. coul. — quarante-huit crânes sont reproduits en pleine page — et 54 n/b et duotones. Édition reliée, limitée à quatre cents exemplaires : 200 €.
Martin Doustar, nouveau venu dans le monde de l’art tribal, a marqué le dernier « Parcours des Mondes », avec son exposition « Golgotha, regard vers les ancêtres », qui réunissait un ensemble exceptionnel de crânes provenant principalement d’Afrique et d’Océanie, avec des incursions en Égypte, en Amérique du Sud et en Autriche (crâne peint d’Anna Maria Pristlin, couturière, XIXe siècle).

Vue de l’exposition Golgotha, regard vers les ancêtres, Paris, 2014. Au premier plan, tête, îles Salomon et crâne déformé, Vanuatu. © Martin Doustar.
L’ouvrage publié à cette occasion, très documenté et richement illustré, vient compléter, avec bonheur, la bibliographie, peu abondante, consacrée au crâne humain dans les sociétés extra-européennes. Rappelons-nous aussi, comme nous l’avait montré la passionnante exposition La Mort n’en saura rien. Reliques d’Europe et d’Océanie, organisée par Yves Le Fur, au Musée National des Arts d’Afrique et d’Océanie, à Paris, en 1999, que cette fascination pour la mort était loin d’être absente des cultures européennes, démonstration renouvelée avec l’importante présentation Schädelkult, organisée par le Reiss-Engelhorn-Museen, Manheimm (octobre 2011-avril 2012).

Crochet à crânes, Kaningara, rivière Blackwater, moyen Sépik, Papouasie Nouvelle-Guinée. H. : 57 cm. © Martin Doustar.

Vue de l’appartement de Walter Bondy, vers 1930. Le crochet à crânes est visible, accroché au mur, au centre. © Martin Doustar.
Ces crânes, transformés et embellis, déformés, peints, surmodelés, emmaillotés, gravés, recouverts de métal, de mosaïques ou de perles, ainsi complètement réinventés, sacralisent des morts uniques dont les pouvoirs et la force étaient mis à la disposition des communautés qui en étaient les détenteurs. Ces têtes coupées, séparées des corps — têtes vénérées d’ancêtres (reliques) ou têtes arrachées à l’ennemi (trophées de guerre) —, se confondaient alors dans un même rituel d’ornementation.

Crâne surmodelé et peint, Iatmul, village de Yentchenmengua, moyen Sépik, Papouasie Nouvelle-Guinée, vers 1800-1900. H. : 21,5 cm. © Martin Doustar.
Christian Coiffier s’attache à deux régions d’Océanie particulièrement renommées pour leur vaste production de crânes surmodelés : la vallée du Sepik (Papouasie Nouvelle-Guinée), où la pratique de la conservation des crânes d’ancêtres allait de paire avec celle des crânes trophées des ennemis tués ; et l’île de Malekula où se pratiquait le surmodelage des crânes de défunts importants et où existait également la coutume consistant à déformer le crâne des enfants, s’intéressant à leurs techniques de fabrication, à la diversité des motifs peints et tentant d’en comprendre la fonction sociale. De son côté, Thomas Schultze-Westrum aborde la région du Golfe de Papouasie, où se pratiquait la chasse aux têtes et où, en particulier, dans l’Ouest du Golfe, le culte lié aux têtes était un facteur déterminant de la vie culturelle.

Radiographie d’une figure korwar avec son crâne, Baie de Geelvink, Nouvelle-Guinée occidentale (sous souveraineté indonésienne), vers 1800-1900. H. : 48 cm. © Martin Doustar.
Schädelkult. Kopf und Schädel in der Kulturgeschichte des Menschen [La tête et le crâne dans l’histoire culturelle de l’homme]. « Publikation der Reiss-Engelhorn-Museen Band 41 », Mannheim, œuvre collégiale sous la direction de Alfried Wieczorek et Wilfried Rosendahl, publié en allemand par Verlag Schnell & Steiner, Regensburg, 2011. ISBN 978-3-7954-2455-8. Format : 25 x 30,5 cm, 388 pp., 365 ill. coul. et 76 n/b. Relié : 29,95 €.